L'encre deux mers

L'infolettre d'Ismée, média d'Entre-deux-mers

image_author_Ismée_L'encre-deux-mer
Par Ismée L'encre-deux-mer
14 juil. · 3 mn à lire
Partager cet article :

Ismée... à la carte

Dimanche 14 juillet - Lettre #05

Bonjour à toutes et à tous,

Merci de vous être inscrit•es à notre lettre d’information ! Nous continuons à l’affiner au fil des envois, et vos retours sont toujours précieux.


À terme, notre ambition est de vous informer autrement que dans les “grands médias qui font peur, qui polarisent et divisent”. Il s’agit de faire le lien entre l’actualité (inter)nationale et ce qui se passe en local (avec une veille sur l’actualité du coin), mettre en avant portraits, reportages ou décryptages du territoire, et proposer une sélection d’activités du moment.

Dans cette nouvelle édition, on vous parle de cartographie et on vous invite de nouveau à participer à notre projet de représentation sensible du territoire.

Prochaine édition fin août début septembre — d’ici là, un bel été à toutes et tous !

Cartographier sensiblement le monde, c’est fabriquer du rêve

Que se passe-t-il quand on élabore une carte ? Quelles intentions président à sa fabrication et à sa mise en œuvre ? S’agit-il seulement de nous aider à nous repérer dans l'espace et à nous déplacer d'un point à un autre ?

Ces questions, l’historienne Nephtys Zwer passe sa vie à se les poser. “Avec des cartes, on fait la guerre, puis éventuellement la paix. Mais les cartes sont aussi de formidables machines à rêves. Elles façonnent notre image du monde, en fixent la mémoire et finissent par fabriquer notre réalité”, a-t-elle rappelé lors de sa venue à Sainte-Foy-La-Grande à l’occasion de la 12ᵉ édition des Réclusiennes. Ce festival, qui rassemble chercheurs, militants, écrivains, philosophes, artistes et habitants dans la ville natale d'Élisée Reclus, géographe libertaire du XIXᵉ siècle, avait pour thème la cohabitation cette année.

Jeudi dernier, elle a offert aux participant•es une déambulation passionnante devant une trentaine de cartes réalisées un peu partout dans le monde depuis une dizaine d’années (et regroupées à la base dans l’ouvrage Ceci n’est pas un Atlas, publié aux éditions du commun en 2023 - actuellement en rupture de stock). Que ce soit pour dénoncer le harcèlement dans l’espace public, l’invisibilisation de certaines communautés au Brésil, l’omniprésence du genre masculin dans la dénomination des rues ou bien encore la manière dont les personnes sans domicile fixe visualisent chaque recoin d’une ville, la contre-cartographie offre un regard critique et sensible du monde. À travers elles, on révèle des informations qui méritent d’être posées : “faire une carte, c’est comme écrire un livre. Il y a une intention, avec un message qu’on formule. Il y a un message - et ce message doit provoquer des choses”, a-t-elle rappelé en soulignant la force de ce type de représentation dans certaines luttes.

Nephtys Zwer à Sainte-Foy-La-Grande, jeudi 11 juillet 2024 © Anne-Sophie NovelNephtys Zwer à Sainte-Foy-La-Grande, jeudi 11 juillet 2024 © Anne-Sophie Novel

Ceci n’est pas un atlas

C’est en travaillant sur l'isotype, qui est un système de représentation par pictogramme de données statistiques développé par Marie Reidemeister et Otto Neurath entre les deux guerres à Vienne, que Nepthys Zwer en est venue à la carte. “L’isotype a un propos et une intention politique sous-jacente, il représente ce qui se passe sur le plan économique et social dans l'espace, il le montre sur des panneaux qui sont ensuite soumis au public qui viendra les discuter”.

Son travail, depuis, se concentre sur la représentation sensible d’un phénomène spatial. “On ne peut pas appliquer un raisonnement esthétique sur la cartographie réalisée”, a-t-elle insisté, soulignant de la sorte la multiplicité des langages qui peuvent ainsi s’exprimer.

Qu’on la qualifie de cartographie sensible, critique ou radicale, cette approche a pour intention de “redonner un rôle central aux populations, souvent rendues invisibles sur la carte classique du territoire : au carrefour des justices sociale, environnementale et spatiale, elle entend aussi reconstruire de nouvelles géographies, faire émerger une diversité d’expressions cartographiques et de rapports cognitifs à l’espace comme lieu et support de vie”.

Ceci est un rappel

Autant vous dire qu’Ismée ne pouvait pas rêver mieux pour vous rappeler de participer à notre cartographie sensible de l’Entre-Deux-Mers. Votre mission, si vous l’acceptez, est de vous pencher sur votre façon de percevoir votre lieu de vie, à l’échelle du territoire. Que vous ayez ou non la sensation d’être “dans l’Entre-Deux-Mers”, partagez-nous votre manière de vous projeter ici !

Cela nous permettra de dessiner nos usages de l’espace géographique dit “Entre-Deux-Mers” et de comparer nos représentations.

Mathilde Feld, élue sur la 12ᵉ circonscription

...