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Dans cette nouvelle édition, on ne peut passer à côté des élections législatives. Alors que le second tour a lieu ce dimanche, nous sommes partis en reportage avec Ivan Mathie et Timothée Buisson à la rencontre des urnes, des candidat•es et de ce qui se trame.
À noter : nous avions des soucis sur notre adresse email et nous n’avons pas reçu vos messages :( Pierre notre webmaster en chef a réglé ça, donc maintenant, c’est tout bon, vous pouvez nous écrire àbonjour@ismee.info
Les élections de Castelmoron-d’Albret à Créon
Depuis l’annonce de la dissolution du 9 juin dernier, la France semble sans dessus-dessous. Une campagne éclair, des débats de bas niveau, et de quoi agiter dans les chaumières. Dimanche dernier, pour le premier tour de ces législatives précipitées, Ismée est partie en reportage pour saisir l’ambiance alors que l’extrême droite arrive aux portes du pouvoir – et du territoire.
Castemoron-d’Albret, 16 h 30, dimanche 30 juin 2024. Les ruelles sont bien calmes, dans cette commune de 52 habitants qui, avec ses 3,5 hectares de superficie (l’équivalent de 5 terrains de foot), aime à rappeler qu’elle est la plus petite de France - et même d’Europe ! L’hôtel de ville se trouve assez facilement. Il n’y a pas foule, à l’intérieur.
Le maire, Claude Greze, tient le bureau de vote avec Dominique Hernandez. Le papa de cette dernière a effectué ici quatre mandats municipaux. Face à eux, sur le mur, sont affichés l’ensemble des portraits présidentiels de Vincent Auriol à François Hollande. Ils occupent toute la place. Emmanuel Macron règne en maître, seul, sur le mur opposé.
Une petite trentaine de personnes sont déjà venues voter. Trois ont prévenu qu’elles arriveraient avant la fermeture. La liste compte 45 inscrit•es, mais toutes ne viendront pas. On attend donc devant l’urne et ses quelques enveloppes.
Pour les Européennes, un tiers des bulletins étaient pour l'extrême droite. Dans un village où tout le monde se connaît, si calme, à l'abri de l’insécurité, forcément, on ne comprend pas. On ne comprend pas et on a envie de savoir si ce nouveau scrutin, vécu comme un pseudo « second tour » des élections Européennes, va confirmer le score.
Rien n’a changé, mais tout a changé
« On est sur une île ici, il n’y a pas de problème », relève le maire sans cacher son inquiétude pour la démocratie. Pour lui, ce vote représente l’état d’esprit général. Un état d’esprit influencé par les chaînes d’information en continu et les réseaux sociaux. « Je serai dictateur que je les supprimerai tant elles ont un impact négatif sur le moral des gens », admet le premier édile qui fêtera ses 80 ans l’an prochain. « Quand on est vit dans la Toscane Girondine, cela crée de l’insécurité virtuelle ! ». Pour lui, la pandémie de Covid et le confinement ont eu un effet sur l’esprit fraternel et vivant qu’il pouvait observer avant.
Que pense-t-on ici de la possibilité que ce coin de l’Entre-deux-Mers devienne une circonscription représentée par le Rassemblement National ? « C’est un vote de rejet comme on a connu après la dissolution de 1968 face à l’ordre établi. Ce n'est pas par idéologie, mais par rejet de l’autre », estime Claude Greze, pour qui les personnes qui adhèrent aux idées du RN osent se montrer et « bomber le torse » maintenant. Il craint, d’ailleurs, que des violences viennent marquer le 14 juillet — et surtout les Jeux Olympiques.